En mai 1790, la rumeur d’une guerre avec l’Angleterre fait revenir précipitamment Marat à Paris. En effet, il voit surgir ce qu’il craint par-dessus tout: que ne prenne corps cette tentative-là de riposte du Pouvoir à la Révolution. De fait, les mesures de déstabilisation de l’armée, dont il se fait l'écho dès son retour de Londres, sont déjà bien élaborées :
«Frémissant de rage de voir que l’armée n’est plus un instrument de fureur dans les mains du prince, il [le ministre des Affaires étrangères, Armand Marc de Montmorin] travaille sans relâche à la composer entièrement de satellites dévoués. Les troupes de ligne vivent-elles en bonne intelligence avec les citoyens de la ville où elles sont casernées ? à l’instant, il gagne quelques brouillons pour souffler les feux de la discorde. Les troupes de lignes forment-elles une confédération avec les gardes nationales ? à l’instant, il les disperse par pelotons dans les provinces où le monarque conserve encore quelque influence. Il y a plus: pour enlever à l’armée les soldats et les bas officiers qui se montrent bons patriotes, ils les renvoie avec des cartouches jaunes, qui les rendent désormais incapables de servir»
(Volume II des Œuvres Politiques de Marat – Edition POLE NORD, 765)
«Espérons pour le salut de la patrie que le spectacle des atrocités exercées dans tous les régiments contre les soldats patriotes produira sur le peuple et les gardes nationales l’effet que produisit sur les Romains l’aspect des blessures de Virginie.»
(Volume II des Œuvres Politiques de Marat – Edition POLE NORD, 789)
En mai 1790, un incident anglo-espagnol se déroule dans la baie californienne de Nootka Sound: des navires de guerre espagnols capturent des bâtiments britanniques, et Londres exige réparation. Lié à la France par le pacte de famille, le roi d’Espagne Charles IV fait appel à son alliée, tandis que l’Angleterre envoie lord Gower en ambassade à Paris pour assurer la France de ses intentions pacifiques.
Pourtant, le 14 mai 1790, une lettre de Montmorin informe le président de l’Assemblée nationale qu’en raison des préparatifs de guerre effectués par l’Angleterre, le roi a ordonné l’armement de quatorze vaisseaux de ligne.
Dans son n°107 de L’Ami du Peuple du 19 mai 1790, Marat transcrit cette lettre du ministre des Affaires étrangères qu’il fait immédiatement suivre d’une Copie d’une lettre de M. Marat, adressée à plusieurs membres de l’Assemblée nationale, datée du 15 mai. Extrait :
«Qui doute que les princes de l’Europe entière ne forment des vœux ardents contre le succès de la révolution ? […] Le gouvernement espagnol, en particulier, la redoute comme un exemple contagieux.»
Concernant l’Angleterre, Marat fait la part des choses, ne ménageant, ni le roi Georges III qui a accueilli à bras ouverts Charles-Alexandre de Calonne et d’autres fugitifs, ni William Pitt qui ne voudrait en aucun cas de mouvements à la française.
Mais il souligne qu’une bonne partie des citoyens anglais suit avec le plus grand intérêt les événements français. Il démonte aussi l’argument qu’on lui oppose que la France serait «obligée par le pacte de famille de fournir des subsides à l’Espagne».
Ce pacte ne liait que le prince, dit Marat, certainement pas la nation.
«Où en serions-nous, grands dieux, si nous avions l’imprudence de permettre à nos ministres de faire des rassemblements de troupes, et à tous les mécontents de se joindre à nos ennemis, si nous avions la folie de nous surcharger de nouveaux impôts pour payer les chaînes dont ils veulent nous accabler, si nous avions la sottise de souffrir qu’ils portent notre attention, des affaires de la patrie sur les événements d’une guerre insensée ?»
(Volume II des Œuvres Politiques de Marat – Edition POLE NORD, 726)
La manière dont le problème évolue le 22 mai 1790 est caractéristique de la démarche de l’Assemblée constituante. Elle proclame de grands principes abstraits, du style «La nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes et n’emploiera jamais la force contre la liberté d’aucun peuple» et puis elle abdique devant les exigences royales.
Les manifestations qui entourèrent cette affaire, la fièvre des tribunes à l’Assemblée, les grandes foules réunies autour de la salle firent dire aux observateurs qu’une opinion puissante exigeait le plein usage des droits de l’Assemblée mais, en réalité, c’est la position, toujours ô combien jésuitique, du comte de Mirabeau qui l’emportait.
Lui qui fut capable, dans un même discours, d’associer l’assurance que le droit de paix et de guerre appartenait à la nation et qu’une proposition formelle du roi à l’Assemblée était indispensable ! Ce qui, traduit concrètement, signifiait que les traités de paix, d’alliance et les guerres étaient décidés par le roi et que l’Assemblée les ratifiait.
On se retrouvait encore plus sévèrement – puisque quasi légalement - dans «le monde à l’envers».
Le 24 mai 1790, Marat écrit:
«… tout ce que la finesse, l’astuce, la fourbe peuvent enfanter de plus captieux a été fondu dans un projet de décret, chef-d’œuvre de rubriques politiques, où le faux patriotisme ménage adroitement mille ressources au monarque, dont il feint de saper le pouvoir absolu.»
On notera en passant que Mirabeau ira jusqu’à falsifier son propre discours. Il existe une version imprimée du texte qui diffère en de nombreux points de celui qu’il a prononcé devant l’Assemblée, où il est tourné de manière à donner à sa proposition une forme acceptable pour la majorité des députés.
Cette manœuvre ne passa pas tout à fait inaperçue puisque, présentant les deux versions, certains colporteurs criaient:
«Grande trahison du comte de Mirabeau !».
Mais, en fin de compte, le décret, voté dans l’allégresse générale, passera comme une victoire du député Barnave sur Mirabeau, alors qu’en ses articles essentiels, il reste collé à la proposition du comte.
Voilà bien une de ces cruelles circonstances où Marat s’est senti totalement démuni. Il voit clair mais n’est pas en position de riposter.
«Ma plume était prête, mes presses ne l’étaient pas et jamais je n’ai senti plus douloureusement le malheur de ma position.»
(Volume II des Œuvres Politiques de Marat – Edition POLE NORD, 749)
Deux numéros entiers de L’Ami du Peuple seront ensuite consacrés à analyser le décret, en attirant l’attention sur le fait que La Fayette était bien présent à l’Assemblée nationale pour appuyer la motion Mirabeau-Barnave.
Entre cette séance et La Dénonciation contre M. La Fayette, un bon mois s’écoule. Mais, pour Marat, du côté du général aussi, le masque est tombé.
En conclusion, même si l’argument du pacte de famille avait provoqué une levée de boucliers, même si, théoriquement, en vertu de son premier article «le droit de la paix et de la guerre appartient à la nation», la nouvelle Assemblée a délégué au prince son «exercice», lui a donné un motif légal de puiser dans le trésor pour armer et la possibilité de susciter de sa propre initiative un «incident» propre à justifier un engrenage menant à la guerre. Encore une fois, seule une analyse serrée de la position du Pouvoir dans ce contexte précis permet de comprendre les efforts multiformes déployés pour réorganiser la garde nationale et reprendre le contrôle des troupes soldées et des régiments étrangers.
La menace de guerre restera effective jusqu’en octobre, inquiétant en permanence Marat.
Le 16 juin, au moment où la Hollande arme pour aider l’Angleterre, l’ambassadeur d’Espagne demande à la France des mesures énergiques. L’affaire traîne en longueur et ne réapparaît qu’à la suite de la panique de la fin juillet, au lendemain des révélations que contient ce pamphlet de Marat: Aux Armes ou C’en est fait de nous, daté du 27 juillet 1790.
(Volume II des Œuvres Politiques de Marat – Edition POLE NORD, 1115-1121)
Comme Nouvelles récentes, Marat annonce ceci:
«Dans la séance d’hier, M. de Crancé a donné lecture d’une lettre de M. Bouillé, commandant des Trois Evêchés, à M. Colson, commandant de Mézières, apportée par un courrier du département des Ardennes. Elle annonce que M. de Mercy, ambassadeur de la cour de Vienne en France, a demandé au roi le libre passage pour les troupes autrichiennes sur le territoire de France, pour se rendre dans les provinces belgiques adjacentes.»
A ce moment, les rumeurs les plus folles circulent. Un comité de six hommes, chargés des Affaires étrangères, est officialisé le 1er août 1790 en comité diplomatique: Mirabeau, Fréteau, Menou, d’André, Barnave, Duchâtelet.
Fin août, à l’instigation de ce comité - de Mirabeau principalement - l’Assemblée invite le roi à armer quarante-cinq vaisseaux, tout en proposant à l’Espagne une révision du traité pour remplacer le «Pacte de famille» par un «Pacte national».
La révolte des soldats de Nancy et les nombreux et graves problèmes dans les garnisons couperont court aux atermoiements.
La révélation de la profonde fragilité de l’armée française engagera l’Espagne à négocier avec l’Angleterre et le dossier de la baie de Nootka sera définitivement refermé par le traité de l’Escurial, le 12 octobre 1790, mais le projet politique polarisé sur la guerre comme alternative au développement de la Révolution ne connaît qu’une trêve, rompue dès l’automne 1791.
Massacre au Champ-de-Mars
La question de la guerre est relancée au lendemain du Massacre au Champ-de-Mars et l’approche de cette nouvelle étape donnera aux lecteurs une mesure du travail de réflexion complexe et à retournements qui est nécessaire pour dégager une position politique cohérente. Travail auquel, selon son habitude, Marat, très seul, se livre sans discontinuer.
A la séance du Club des Jacobins du 10 juillet 1791, Jean-Pierre Brissot s’est exclamé:
«La Révolution française sera le foyer sacré d’où partira l’étincelle qui embrasera toutes les nations dont les maîtres oseront l’approcher.»
Dans les Annales patriotiques et littéraires du 25 juillet 1791, Jean-Louis Carra écrit:
«Nous ne craignons pas de le répéter; il n’y a pas de temps à perdre; il faut déclarer à l’Autriche que les attentats multipliés dont elle s’est rendue coupable envers la nation française, que ses projets connus contre notre liberté, que les traités secrets qu’elle a su, par le canal d’une femme, arracher à la faiblesse ou à l’imbécillité de notre roi, ne permettent plus de la regarder comme puissance amie et qu’on est contraint de repousser par la force des armes les sinistres complots qu’elle a ourdis mystérieusement et qu’elle se propose bientôt de mettre à exécution.
Cette déclaration faite, entrons dans les Pays-Bas, profitons des germes d’insurrection qui y subsistent encore.»
Le Patriote français renchérit en septembre, au moment de l’acceptation de la Constitution par le roi:
«Si avant quinze jours, il n’écrit pas à l’empereur et au roi de Prusse pour se plaindre, au nom du peuple français et au sien propre, de la ligue qu’ils ont formée contre notre liberté et contre son autorité; s’il ne témoigne pas son indignation à tous ses parents fugitifs qui ne conspirent pas moins contre lui que contre la nation; s’il ne fait pas une réponse énergique, et à leur lettre et à la déclaration de Pillnitz, il est irrévocablement jugé; son acceptation est une nouvelle comédie, son serment un nouveau parjure.»
Une argumentation de plus en plus nourrie en faveur de la guerre est donc née!
Elle est mise en place par certains courants, relayée par des journaux et se présente d’abord comme une réaction à des menaces extérieures qui s’amplifieraient.
Ensuite l’argumentation se développe dans le sens d’une identification du patriotisme à la guerre, comme si celle-ci, vue comme une croisade, devait amener une extension de la Révolution. Le lien avec l’enthousiasme de juillet 1789 est même «médiatisé» par le lancement, en octobre 1791, du modèle de la véritable pique révolutionnaire, qu’il faudrait bientôt fabriquer en masse.
Une première question doit être posée: les puissances extérieures sont-elles si menaçantes? Une réponse réaliste est que les monarques ne souhaitent pas avoir chez eux des mouvements et des troubles comparables à ceux qui se déroulent en France, mais qu’un strict décodage des enjeux politiques à grande échelle freine une intervention.
Ils considèrent que la seule gagnante en cas de conflit en Europe de l’Ouest serait Catherine II. Les visées conquérantes de la tsarine ne leur échappent pas et ils se montrent peu enclins à sacrifier leur part du gâteau polonais, par exemple, pour soutenir un roi toujours assis sur son trône et qui vient d’accepter une Constitution.
Il n’empêche, pense Marat, que tous les despotes verraient d’un bon œil un conflit qui rétablirait l’ordre en France. Il n’écarte donc pas la possibilité d’une alliance guerrière soudaine pour «remettre la France aux fers.» Dans l’état de la patrie, ce serait une catastrophe. Marat la prédit avec une clairvoyance étonnante.
«… la défense de nos frontières, dégarnies de forces, est remise à des chefs suspects; les soldats de la patrie sont sans armes; les places sans munitions; le royaume, épuisé de numéraire, travaillé de troubles et déchiré par des factions, est prêt à devenir la proie d’un vainqueur féroce, qui n’assouvira sa fureur qu’en se baignant dans le sang du peuple.
On nous menace de la fuite prochaine du roi, que tout paraît annoncer. Si elle a lieu, elle sera masquée sous le nom d’un voyage fait à Montmédy, qu’il aura fait approuver des pères de la patrie, sous couleur de pourvoir lui-même à la défense de l’Etat. Là, conférant librement avec les chefs de nos ennemis, sans encourir la peine de la loi, il prendra ses mesures pour que ses officiers leur livrent passage. Peut-être encore, pour mieux tromper l’indignation publique, feindra-t-il de rassembler auprès de lui ses généraux pour concerter des moyens de défense et donner aux ennemis la facilité de pénétrer dans le royaume par les parties les plus éloignées dont il aura rappelé les commandants.»
(Volume VI des Œuvres Politiques de Marat – Edition POLE NORD, 3506)
Ceux qui chercheraient à amalgamer ce texte de L’Ami du Peuple avec les proclamations guerrières des Carra, Brissot et autres se tromperaient lourdement.
A l’endroit où Marat parlera d’une situation liée «aux jeux de la fortune et au sort des combats», il envisage, dans la tête du roi et de ses ministres, le lien entre la guerre civile et une contre-révolution brutale.
Succès du parti de la guerre
Dans le camp des prosélytes de l’extension révolutionnaire par la guerre, on ne trouve pas ce type de nuances. Comme en témoigne son discours à l’Assemblée nationale du 29 décembre 1791, Jean-Pierre Brissot et les «Brissotins» mènent leur projet tambour battant, avec comme objectif premier de susciter un enthousiasme général en faveur de la guerre. Et ils vont y parvenir au-delà de toute espérance. Ainsi le 11 décembre 1791, même le patriote Louis Legendre, ami et protecteur de Marat, va présenter une pétition de la section du Théâtre-Français qui résonne comme un hymne guerrier :
«Représentants du peuple, ordonnez! L’aigle de la victoire et la renommée des siècles planent sur vos têtes et sur les nôtres. Si le canon de nos ennemis se fait entendre, la foudre de la liberté ébranlera la terre, éclairera l’univers, frappera les tyrans. Ne laissons pas à la postérité la gloire de les anéantir: le délire leur tiendrait lieu de courage, si nous restions plus longtemps dans une coupable sécurité. Soyons armés et nous atteindrons ces fuyards, les mêmes que nous défîmes en 89, au seul bruit de nos armes et de nos cris.»
Les journalistes Pierre-Jean Audouin, Jean-Louis Carra, Antoine Gorsas remplissent leurs feuilles de proclamations belliqueuses; Anacharsis Cloots, prophète de la guerre révolutionnaire, parade dans Paris; Pierre-Henri Lebrun-Tondu vient apporter à l’Assemblée le soutien d’un comité de Belges et de Liégeois réunis, monté à Paris pour la circonstance. Même Robespierre, à son retour d’Arras, rejoint un moment le sentiment général dans une intervention aux Jacobins, le 28 novembre.
«… il faut dire à Léopold, vous violez le droit des gens en souffrant les rassemblements de quelques rebelles que nous sommes loin de craindre mais qui sont insultants pour la nation. Nous vous sommons de les dissiper sans délai ou nous vous déclarons la guerre au nom de la nation française et au nom de toutes les nations ennemies des tyrans.»
Le seul qui manifeste un refus sans concession aux projets du comité diplomatique, contenus dans le rapport fait par Rühl à l’Assemblée, le 1er décembre 1791, c’est Marat avec cet avis tranchant dans son Journal du 15 décembre.
«Voilà à coup sûr le discours d’un fripon payé pour engager l’Assemblée dans la démarche impolitique et désastreuse de provoquer une rupture avec quelques petits princes de l’Empire et d’avoir bientôt sur les bras tous leurs alliés. Quand ce conseil funeste ne serait pas suspect par les suites cruelles qu’il aurait infailliblement, s’il était adopté, peut-on douter qu’il ne soit parti du cabinet des Tuileries, puisque l’émissaire ministériel qui en était porteur n’est rien moins que persuadé lui-même de sa nécessité.
C’est pour éteindre un feu d’opéra qu’il conseille d’allumer le flambeau de la guerre, pour le rare avantage de n’être pas incommodé par la fumée.»
«… l’art déployé dans cette farce politique par le cabinet, le comité diplomatique et les jongleurs ministériels […] tend à persuader à l’aveugle multitude que la guerre projetée pour anéantir la patrie n’a d’autre but que de réprimer les conjurés, de venger les patriotes maltraités en Allemagne, de défendre la constitution et d’assurer la liberté.»
(Volume VI des Œuvres Politiques de Marat – Edition POLE NORD, 3728, 3809)
La voix de Robespierre s’élèvera à plusieurs reprises, les 11, 12 et 13 décembre, aux Jacobins, contre la guerre cette fois.
Il laisse espérer qu’il a enfin pénétré le «jeu» des ministériels:
«M. Carra donnait peut-être avec un peu trop de confiance dans cette prétendue coalition, qu’il était bon de se tenir sur la défensive mais qu’il croyait que les puissances étrangères avaient plus l’intention de nous effrayer que de nous attaquer.»
«Le parti le plus dangereux est de déclarer la guerre […] en déclarant la guerre, vous vous ôtez cette seule ressource: le moyen de se défier du pouvoir exécutif.»
«… à qui confierez-vous la conduite de cette guerre? aux agents du pouvoir exécutif. Vous abandonnerez donc la sûreté de l’empire aux ennemis de l’empire, à ceux qui veulent vous perdre. De là résulte que ce que nous avons de plus à craindre, c’est la guerre. La guerre est le plus grand fléau qui puisse menacer la liberté dans les circonstances où nous nous trouvons»
Et, le 18 décembre 1791, alors que l’enthousiasme pour la guerre est général, Robespierre retourne l’argument contre ses partisans.
«La guerre! s’écrient la cour et les ministres, et leurs innombrables partisans. La guerre! répètent un grand nombre de bons citoyens, mus par un sentiment généreux, plus susceptibles de se livrer à l’enthousiasme du patriotisme qu’exercés à méditer sur les ressorts des révolutions et des intrigues des cours.»
Les interventions de Marat et de Robespierre ébranlent la conviction des patriotes.
Il n’empêche qu’aucune ligne de démarcation claire ne s’établit.
A partir du 15 décembre, Marat devient à nouveau explicitement silencieux, tandis que Robespierre multiplie les interventions dans la presse et aux Jacobins.
Marat est convaincu que le despotisme est rétabli. Le Massacre au Champ-de-Mars, «jour de la perte de la liberté» a été la marque d’une régression dramatique du parti patriotique. La Constitution mutilée, imprécise, pervertie est un outil de la désagrégation sociale dont rougirait Montesquieu. Avec sa phraséologie pompeuse, elle consacre en le raffinant, l’esclavage politique des Français.
Ce moment, Marat le stigmatise sous l’appellation de «despotisme légal» et, jusqu’à l’annonce de son départ - avorté - pour l’Angleterre, il reprendra inlassablement cette formule: «despotisme légal», «despotisme au nom des lois», «river légalement vos fers», «cette constitution sur laquelle elle [l’Assemblée nationale] a élevé légalement son despotisme», «son despotisme ayant été rendu légal par les perfides représentants», «cet acte constitutionnel […] qui rend légal le despotisme».
(Volume VI des Œuvres Politiques de Marat – Edition POLE NORD, 3249, 3260, 3264, 3268, 3312, 3332)
En contrepoint, Marat recompte minutieusement tous les faits inquiétants mais cohérents: le délabrement des troupes laissées aux frontières, le camp établi aux portes de Paris, la division entre les troupes de ligne et la garde nationale, le recul indéfini du jugement du roi, la mise en liberté des conspirateurs, les emprisonnements massifs des patriotes, par ailleurs de plus en plus privés du droit à la parole à l’Assemblée, les moyens de corruption décuplés, etc.
Pour lui, la boucle se referme sur le projet de l’Assemblée dégradée d’aller déposer au Panthéon la dépouille de Rousseau. Rousseau à Sainte-Geneviève aux côtés de Mirabeau ! Marat pouvait-il imaginer symbole plus flagrant du dévoiement de la liberté ?
Marat cherche pourtant sans relâche un levier capable de retourner la situation, de faire pièce à la dislocation. Ainsi, il s’interroge très sérieusement sur le déclenchement de la guerre civile et en vient à cette constatation, au premier abord surprenante, mais très politique:
«Ignorez-vous qu’il entre dans le plan de la cour d’envelopper la nation dans tous les genres de calamités et d’attirer sur elle les fléaux destructeurs, et des guerres étrangères et de la guerre civile.»
«Que faire? […] Nous préparer à la guerre civile qui est enfin inévitable; l’attendre et commencer par écraser nos ennemis du dedans.»
«Nous touchons à quelque horrible catastrophe, le roi est sur le point de prendre la fuite, et la France va être livrée aux horreurs de la guerre civile.»
(Volume VI des Œuvres Politiques de Marat – Edition POLE NORD, 3602, 3637, 3660)
La guerre civile, Marat ne cesse de le répéter, est un «fléau destructeur», une «sanglante tragédie», elle entraîne des «calamités», des «horreurs». Comment est-il concevable qu’en même temps, il semble, in extremis, n’entrevoir un espoir que dans cette «catastrophe» ?
Une fois adoptée la déplorable Constitution de 1791, une fois la «révolution terminée», Marat estime que le despotisme rétabli ne pourra pas accepter de bornes, qu’il va irrévocablement franchir ce pas. Ce ne serait alors que de ses nouveaux excès - guerre civile ou guerre étrangère - que pourrait sortir une nouvelle insurrection dont le peuple, encore patriote, serait le vainqueur.
La guerre civile et la guerre étrangère, ces «fleuves de sang», Marat les a annoncés au peuple, s’il ne consentait pas au sacrifice de «5 à 600 têtes».
Il ne les appelait pas de ses vœux par cruauté, mais les voyait comme une fatalité à laquelle on ne peut que s’attendre, mais en préparant déjà une nouvelle insurrection.
En ordonnant avec rigueur les différents «moments», on saisit ce que l’Ami du Peuple demande: que se déclenche ce qui est inévitable pour que puisse s’y substituer, sans tarder, un retournement, un processus constructeur.
La raison pour laquelle Marat réagit si brusquement au rapport Rühl, à la fin du mois de novembre 1791, devient limpide.
Un élément nouveau l’a frappé dans l’exposé. L’analyse précise du rapport, qui lui avait déjà fait voir que la cour et les ministres étaient prêts à plonger la nation dans la guerre civile et étrangère, lui dévoile maintenant un piège plus subtil encore et qu’il regrette amèrement de ne pas avoir dénoncé plus tôt. Le Pouvoir veut cette guerre, c’est évident, mais ce qu’il veut avant tout, c’est que ce soit la nation qui la déclare.
«Je regrette beaucoup de n’avoir pu m’occuper plus tôt de cet objet, pour éventer le piège. Je crains fort que les patriotes n’y soient pris et je tremble que l’Assemblée, bâtée par des jongleurs prostitués à la cour, ne se prête elle-même à entraîner la nation dans l’abîme.
Tandis que le cabinet ministériel s’efforce d’allumer le flambeau de la guerre par les mains du corps législatif, il ne néglige rien pour paraître l’éteindre par les mains du roi.»
(Volume VI des Œuvres Politiques de Marat – Edition POLE NORD, 3729)
C’est encore sur cet argument qu’il termine ce numéro qui ne sera pas publié.
«L’Assemblée nationale sera-t-elle assez prostituée à la cour pour se prêter à entraîner elle-même la nation dans l’abîme en appelant sur l’Etat tous les fléaux de la guerre ?»
(Volume VI des Œuvres Politiques de Marat – Edition POLE NORD, 3809)
Marat se rend bien compte que la situation est totalement opaque.
A la mi-décembre 1791, le changement d’attitude de la cour dans le débat sur la guerre a troublé les esprits et suscité question sur question.
Ainsi aux Jacobins, les points de vue s’affrontent. Les uns pensent que si c’est le Pouvoir exécutif qui propose la guerre, il faut la refuser. Mais le roi et les ministres la veulent-ils vraiment? Et la question suivante reste dans le cadre guerrier : L’exécutif veut-il la même guerre que les patriotes?
Les interventions de M. Brissot lèveront les doutes. Les applaudissements qu’on lui accorde sont autant de cris de guerre. Ce serait donc une guerre patriote, contre l’incurie des ministériels, qui serait décidée.
Ainsi peut-on lire dans le numéro du 18 décembre 1791 des Annales patriotiques et littéraires :
«Il est bien vrai que le changement subit des plans de la cour avait fait naître quelques défiances très justes et très légitimes dans l’esprit des francs patriotes; mais ils n’ont pas tardé à sentir que le véritable intérêt de la nation est de dissiper promptement les ennemis extérieurs qui répandent au dedans une inquiétude funeste et y alimentent l’espoir de tous les conspirateurs. Ils ont senti que l’intérêt du peuple est de hâter et de se précipiter avec tout son courage vers ce dénouement de la révolution, qui tôt ou tard ne pouvait être que la guerre.»
Une guerre inéluctable, voilà donc le point sur lequel tous s’accordent désormais.
Mais quel fossé à nouveau entre la justification donnée par Marat et celle apportée par d’autres patriotes connus !
Marat n’évoque cette calamité que parce qu’elle est inévitable et pour qu’émerge enfin le mouvement qui l’arrêtera vraiment.
George Danton ou Camille Desmoulins parlent de la guerre comme d’un dénouement de la révolution, restant ainsi dans le registre de l’optimisme et de la conquête révolutionnaire, sans jamais pour autant y voir une nécessité nationale interne.
Brissot et ses partisans constituent l’appui à la politique guerrière souhaitée par l’Exécutif, dans la mesure où ils admettent que la nation a besoin de la guerre, qu’elle est une nécessité interne, une émanation du désir national. Un point de vue absolument contraire à toute Constitution méritant ce nom. Pour eux, il faudrait donc faire une guerre au nom d’une Constitution bidon, toujours sous autorité royale et ministérielle! A l’ancienne argumentation centrée sur un ennemi extérieur, tapi aux frontières et guettant sa proie, se substitue peu à peu leur avis que c’est l’opposition à la guerre qui met un frein à l’enthousiasme révolutionnaire et entrave la Révolution tout entière.
Et par-dessus tout, pour faire avaler cette répugnante couleuvre, philosophes et académiciens sont appelés à la rescousse afin de plaider avec chaleur que la nécessité d’une guerre offensive découle du décret de l’Assemblée constituante qui, en mai 1790, s’était prononcé contre toute guerre de conquête.
C’est le marquis Nicolas de Condorcet, «dont le triomphe a été au-dessus de toute expression, les triomphes seuls de Mirabeau pouvant en approcher», c‘est l’intellectuel des «Lumières» qui présentera à l’Assemblée, le 29 décembre 1791, la Déclaration de l’Assemblée nationale à tous les peuples.
Ce texte, ô combien ambigu, ô combien pervers et «dont l’impression et l’envoi ont été ordonnés dans les 83 départements», sera aussi repris dans la plupart des journaux du 31 décembre 1791 ou du 1er janvier 1792.
Ce discours de Condorcet est reproduit intégralement ci-après, car il permet de cerner les arguments et cette tonalité spécifiques qui précèdent immédiatement le décret sur la déclaration de guerre.
Une leçon à méditer pour tout notre avenir d’humains !
«La nation française renonce à entreprendre aucune guerre, dans la vue de faire des conquêtes, et n’emploiera jamais ses forces contre la liberté d’aucun peuple.» Tel est le texte de la Constitution. Tel est le vœu sacré par lequel nous avons lié notre bonheur au bonheur de tous les peuples, et nous y serons fidelles.
Mais qui pourrait regarder encore comme un territoire ami, celui où il existe une armée qui n’attend, pour attaquer, que l’espérance du succès. Et n’est-ce pas nous avoir déclaré la guerre, que de prêter volontairement ses places, non-seulement à des ennemis qui l’auraient déclarée, mais à des conspirateurs qui l’ont commencée depuis longtemps ? Tout impose donc aux pouvoirs établis par la Constitution, pour le maintien de la paix et de la sûreté, la loi impérieuse d’employer la force contre les rebelles qui, du sein d’une terre étrangère, menacent de déchirer leur patrie.
Les droits des nations offensées; la dignité du peuple français outragée; l’abus criminel du nom du roi, que des imposteurs font servir de voile à leurs projets désastreux; la défiance que ces bruits sinistres entretiennent dans toutes les parties de l’empire; les obstacles que cette défiance oppose à l’exécution des lois et au rétablissement du crédit; les moyens de corruption employés pour égarer, pour séduire les citoyens; les inquiétudes qui agitent les habitants des frontières; les maux auxquels les tentatives les plus vaines, les plus promptement repoussées pourraient les exposer; les outrages, toujours impunis, qu’ils ont éprouvés sur des terres où les Français révoltés trouvent un asile; la nécessité de ne pas laisser aux rebelles le temps d’achever leurs préparatifs, et de susciter à leur patrie des ennemis plus dangereux:
Tels sont nos motifs. Jamais il n’en a existé de plus justes, de plus pressants; et dans la tableau que nous en présentons ici, nous avons plutôt atténué qu’exagéré nos injures; nous n’avons pas besoin de soulever l’indignation des citoyens, pour enflammer leur courage.
Cependant, la nation française ne cessera de voir un peuple ami dans les habitants des pays occupés par les rebelles, et gouvernés par des princes qui les protègent.
Les citoyens paisibles, dont ses armées couvriront le territoire, ne seront point des ennemis pour elle; ils ne seront pas même ses sujets. La force publique, dont elle deviendra momentanément dépositaire, ne sera employée que pour assurer leur tranquillité et maintenir leurs lois. Fière d’avoir reconquis les droits de la nature, elle ne les outragera point dans les autres hommes. Jalouse de son indépendance, résolue à s’ensevelir sous ses ruines plutôt que de souffrir qu’on osât lui dicter des lois, ou même garantir les siennes, elle ne portera point atteinte à l’indépendance des autres nations. Ses soldats se conduiront sur une terre étrangère, comme ils se conduiraient sur celle de leur patrie, s’ils étaient forcés d’y combattre; les maux involontaires que ses troupes auraient fait éprouver aux citoyens, seront réparés.
L’asîle qu’elle ouvre aux étrangers ne sera point fermé aux habitants des contrées, dont les princes l’auront forcée à les attaquer; et ils trouveront, dans son sein, un refuge assuré. Fidelle aux engagements pris en son nom, elle se hâtera de les remplir avec une généreuse exactitude. Mais aucun danger ne pourra lui faire oublier que le sol de la France appartient tout entier à la liberté et que la loi de l’égalité y doit être universelle. Elle présentera au monde le spectacle nouveau d’une nation vraiment libre, soumise aux règles de la justice, au milieu des orages de la guerre, et respectant partout, en tout temps, à l’égard de tous les hommes, les droits qui sont les mêmes pour tous.
La paix que le mensonge, l’intrigue et la trahison ont éloignée, ne cessera point d’être le premier de nos vœux. La France prendra les armes avec regret, mais avec ardeur, pour sa sûreté, pour sa tranquillité intérieure; et on la verra les déposer avec joie, le jour où elle sera sûre de n’avoir plus à craindre pour cette liberté, pour cette égalité, devenues le seul élément où des Français puissent vivre. Elle ne redoute point la guerre, mais elle aime la paix. Elle sent qu’elle en a besoin, et elle a trop la conscience de ses forces pour craindre de l’avouer.
Lorsqu’en demandant aux nations de respecter son repos, elle a pris l’engagement éternel de ne jamais troubler le leur, peut-être aurait-elle mérité d’en être écoutée; peut-être cette déclaration solemnelle, ce gage de sécurité et de bonheur pour les peuples voisins, devait-il lui mériter l’affection des princes qui les gouvernent: mais ceux de ces princes qui ont pu craindre que la nation française ne cherchât à produire dans les autres pays des agitations intérieures, apprendront que le droit cruel de représailles, justifié par l’usage, condamné par la nature, ne la fera point recourir à ces moyens employés contre son repos; qu’elle sera juste envers ceux mêmes qui ne l’ont pas été pour elle; que partout elle respectera la paix comme la liberté; et que les hommes qui croient pouvoir se dire encore les maîtres des autres hommes, n’auront à craindre d’elle que l’autorité de son exemple.
La nation française est libre, et, ce qui est plus que d’être libre, elle a le sentiment de la liberté. Elle est libre, elle est armée, elle ne peut être asservie. En vain compterait-on sur ses discordes intestines: elle a passé le moment dangereux de la réformation de ses lois politiques; et, trop sage pour devancer la loi du temps, elle ne veut que maintenir sa constitution, et la défendre. Cette division entre deux pouvoirs émanés de la même source, dirigés vers le même but, ce dernier espoir de nos ennemis, s’est évanoui à la voix de la patrie en danger; et le roi, par la solemnité de ses démarches, par la franchise de ses mesures, montre à l’Europe la nation française forte de tous ses moyens de défense et de prospérité. Résignée aux maux que les ennemis du genre humain, réunis contre elle, peuvent lui faire souffrir, elle en triomphera par sa patience et par son courage. Victorieuse, elle ne cherchera ni réparation ni vengeance.
Tels sont les sentiments d’un peuple généreux, dont ses représentants s’honorent d’être ici les interprètes. Tels sont les projets de la nouvelle politique qu’il adopte. Repousser la force, résister à l’oppression, tout oublier, lorsqu’il n’aura plus rien à redouter, et ne plus voir que des frères dans des adversaires vaincus, réconciliés ou désarmés: voilà ce que veulent tous les Français, et voilà quelle est la guerre qu’ils déclareront à leurs ennemis.»
La philosophie d’une «guerre cosmopolite» prônée par Anacharsis Cloots fait aussi des ravages:
«Cette guerre que nous nommerons philosophique se fera avec les armes de la raison et de l’éternelle justice.
L’amour-propre de tous les hommes est le garant de son succès: ce mobile du cœur humain donnera aux Français, enfants de la liberté, autant d’auxiliaires qu’il est d’hommes opprimés.
L’amour de l’égalité est dans tous les cœurs; les Français le développeront partout; ils répandront leurs principes: car ils savent que c’est à leur propagation qu’est attaché le sort de la liberté française.»
Le Cosmopolite, n° 33 du 16 janvier 1792, p.150
Cette «philosophie» l'emporte aux Jacobins, où Robespierre est entraîné dans des débats interminables, alors que les textes officiels de la Société sont déjà fixés:
«Le salut de la patrie, frères et amis, dépend d’une seule mesure, d’une mesure vigoureuse: c’est la guerre. Il nous la faut pour consolider la constitution, pour affermir notre existence nationale; il faut la guerre pour imprimer à notre Révolution ce caractère imposant qui convient aux mouvements d’un grand peuple, pour la dépouiller enfin de cet esprit d’intrigue, reste impur de nos vieilles habitudes et qui empoisonne la source de la liberté publique.»
La Société des Amis de la Constitution aux sociétés affiliées, 15 février 1792
Comment ne pas comprendre qu’il est devenu impossible à Marat d’entrer dans ces débats. Pour lui, le simple fait d’envisager de prendre l’initiative de la guerre revient à sortir du camp de la Révolution.
Et il n’est pas d’accord avec l’attitude de Robespierre qui, sans peut-être s’en rendre compte, se transforme en faire-valoir patriotique de la politique contre-révolutionnaire de Jacques-Pierre Brissot. La séance du 20 janvier 1792 aux Jacobins en apporte une bien triste démonstration. Le compte-rendu, signé Girey-Dupré paraît le 21 janvier 1792 dans Le Patriote français:
«Depuis quelques temps, tous les bons citoyens gémissaient de la division qui régnait dans cette société. Dans plusieurs discours, M. Robespierre avait semblé répandre des soupçons contre M. Brissot. M. Brissot a parlé aujourd’hui, et après avoir prouvé la nécessité de la guerre, il a facilement dissipé tous les nuages qu’on s’était plu à amonceler sur sa conduite; cependant il a rendu justice aux intentions de M. Robespierre et a fini par déclarer qu’il ne conservait ni haine ni ressentiment. L’on a demandé de toutes parts l’impression de son discours; mais l’orateur s’y est opposé lui-même pour effacer jusqu’aux traces de divisions funestes.»
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M.Dussaulx dit alors qu’il manque quelque chose à un aussi beau moment:
Les deux patriotes doivent se donner l’accolade aux yeux de la société. Ce qu’ils feront, au milieu des applaudissements.
APRES LES DESASTRES MILITAIRES
APRES TANT D’EVENEMENTS TRAGIQUES QU’IL AVAIT PREDITS,
MARAT NE REVIENDRA SUR LA SCENE PUBLIQUE
QU’UN COURT MOMENT
L’AMI DU PEUPLE EST ASSASSINE LE 13 JUILLET 1793